"J'entends, par liberté, au sens
cosmologique, la faculté de commencer de soi-même un état dont la causalité
n'est pas subordonnée à son tour, suivant la loi de la nature, à une autre
cause qui la détermine quant au temps"
Kant, Critique de la raison pure
« Dostoïevski avait écrit:
"Si Dieu n'existait pas, tout serait permis." C'est là le point de
départ de l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et
par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors
de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne trouve d'abord pas d'excuses.
Si,
en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par
référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de
déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. Si, d'autre part, Dieu
n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres
qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n'avons ni derrière nous, ni
devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des
excuses. Nous sommes seuls, sans excuses.
C'est ce que j'exprimerai en disant
que l'homme est condamné à être libre. Condamné par ce qu'il ne s'est pas crée
lui même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde
il est responsable de tout ce qu'il fait. L'existentialisme ne croit pas à la
puissance de la passion. Il ne pensera jamais qu'une belle passion est un
torrent dévastateur qui conduit fatalement l'homme à certains actes, et qui,
par conséquent, est une excuse. Il pense que l'homme est responsable de sa
passion. L'existentialisme ne pensera pas non plus que l'homme peut trouver un
secours dans un signe donné, sur terre, qui l'orientera; car il pense que
l'homme déchiffre lui même le signe comme il lui plaît. Il pense donc que
l'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant
à inventer l'homme.»
Sartre, L'Existentialisme est un humanisme
De même que l'être coloré en
acte est l'objet de la vue, de même le bien est l'objet de la volonté. Si on
lui propose un objet qui soit bon universellement et sous tous les rapports,
elle tendra vers lui nécessairement - si du moins elle veut quelque chose - car
elle ne pourrait vouloir le contraire. Si au contraire on lui propose un objet
qui ne soit pas bon à tous les points de vue, elle ne se portera pas vers lui
nécessairement. Et parce que le défaut d'un bien quelconque a raison de
non-bien, seul le bien parfait et auquel rien ne manque s'imposera
nécessairement à la volonté; telle est la béatitude. Tous les autres biens
particuliers, parce qu'ils manquent de quelque bien, peuvent être considérés
comme n'étant pas bons, et de ce point de vue ils pourront être rejetés ou
acceptés par la volonté, qui peut se porter vers une même chose en la
considérant sous différents points de vues.
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IaIIae, q.10, a.2
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