Ce blog tient à jour les articles du cours de philosophie Thaumadzo. Dans ces pages, vous pourrez découvrir en quoi consiste ce cours, à quel public il s'adresse, quelles sont les modalités pratiques et qui contacter pour s'inscrire.
mercredi 22 mai 2013
mardi 21 mai 2013
Cours du 21 mai : La méthode de commentaire, le texte de Hobbes
SUJET DU BAC 2010
L’ignorance des
causes et de la constitution originaire du droit, de l’équité, de la loi et de
la justice conduit les gens à faire de la coutume et de l’exemple la règle de
leurs actions, de telle sorte qu’ils pensent qu’une chose est injuste quand
elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste quand ils peuvent
montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. [...]
Ils sont pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des
mauvaises manières que la correction infligée par leurs parents et par leurs
maîtres, à ceci près que les enfants se tiennent constamment à leur règle, ce
que ne font pas les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en
appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela
les sert, s’éloignant de la coutume quand leur intérêt le requiert et
combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre eux. C’est pourquoi la
doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à la fois par la
plume et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et des
figures parce que la vérité en ce domaine n’intéresse pas les gens, attendu
qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à leur lubricité.
En effet, en ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles
d’un triangle sont égaux à deux angles d’un carré, si elle avait été
contraire au droit de dominer de quelqu’un, ou à l’intérêt de ceux qui
dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue, en tout cas éliminée
en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à celui qui y
aurait eu intérêt.
Hobbes, Léviathan
Cours du 21 mai : La méthode de commentaire. Le texte de Pascal
SUJET DU BAC 2011
Chaque degré de bonne
fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce
qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et
l’aversion plus dangereuse. Un prince sera la fable de toute l’Europe, et lui
seul n’en saura rien. Je ne m’en étonne pas : dire la vérité est utile à celui
à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font
haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui
du prince qu’ils servent ; et ainsi, ils n’ont garde de lui procurer un avantage
en se nuisant à eux-mêmes.
Ce malheur est sans
doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les
moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se
faire aimer des hommes. Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle
; on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter. Personne ne parle de nous
en notre présence comme il en parle en notre absence. L’union qui est entre les
hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d’amitiés
subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est
pas, quoiqu’il en parle alors sincèrement et sans passion.
L’homme
n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soimême et à
l’égard des autres. Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. Il évite de
la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et
de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur.
Pascal, Pensées
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