L'année Thaumadzo s'est conclue ce mardi par un cours d'histoire de la philosophie. Ont été relaté 2500 ans de pensée autour du thème : La raison et le réel.
Thaumadzo s'achève donc après une année hautes en couleurs. Chaque trimestre s'est achevé par une soirée exceptionnelle :
- Le film "The Truman show" autour duquel nous avons pu débattre à l'occasion d'une raclette (décembre 2012)
- Le cours sur la politesse d'Emmanuel Brochier, docteur en philosophie a passionné les élèves (mars 2013)
- Le cours sur Foi et raison de Bernard Guéry, enseignant en classe préparatoire (Stanislas, Paris VIème) a montré aux élèves les rapports que la philosophie entretient avec leur religion (mai 2013)
Plus de 15 élèves se sont succédés sur les "bancs" de Thaumadzo cette année. Une vraie convivialité s'est crée, comme en témoigne le dernier dîner de ce mardi. Nous souhaitons bon courage à ces jeunes pour leur Bac et pour la vie qui s'ouvrent à eux !
Ce blog tient à jour les articles du cours de philosophie Thaumadzo. Dans ces pages, vous pourrez découvrir en quoi consiste ce cours, à quel public il s'adresse, quelles sont les modalités pratiques et qui contacter pour s'inscrire.
mercredi 5 juin 2013
mercredi 22 mai 2013
mardi 21 mai 2013
Cours du 21 mai : La méthode de commentaire, le texte de Hobbes
SUJET DU BAC 2010
L’ignorance des
causes et de la constitution originaire du droit, de l’équité, de la loi et de
la justice conduit les gens à faire de la coutume et de l’exemple la règle de
leurs actions, de telle sorte qu’ils pensent qu’une chose est injuste quand
elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste quand ils peuvent
montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. [...]
Ils sont pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des
mauvaises manières que la correction infligée par leurs parents et par leurs
maîtres, à ceci près que les enfants se tiennent constamment à leur règle, ce
que ne font pas les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en
appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela
les sert, s’éloignant de la coutume quand leur intérêt le requiert et
combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre eux. C’est pourquoi la
doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à la fois par la
plume et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et des
figures parce que la vérité en ce domaine n’intéresse pas les gens, attendu
qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à leur lubricité.
En effet, en ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles
d’un triangle sont égaux à deux angles d’un carré, si elle avait été
contraire au droit de dominer de quelqu’un, ou à l’intérêt de ceux qui
dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue, en tout cas éliminée
en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à celui qui y
aurait eu intérêt.
Hobbes, Léviathan
Cours du 21 mai : La méthode de commentaire. Le texte de Pascal
SUJET DU BAC 2011
Chaque degré de bonne
fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce
qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et
l’aversion plus dangereuse. Un prince sera la fable de toute l’Europe, et lui
seul n’en saura rien. Je ne m’en étonne pas : dire la vérité est utile à celui
à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font
haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui
du prince qu’ils servent ; et ainsi, ils n’ont garde de lui procurer un avantage
en se nuisant à eux-mêmes.
Ce malheur est sans
doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les
moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se
faire aimer des hommes. Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle
; on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter. Personne ne parle de nous
en notre présence comme il en parle en notre absence. L’union qui est entre les
hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d’amitiés
subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est
pas, quoiqu’il en parle alors sincèrement et sans passion.
L’homme
n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soimême et à
l’égard des autres. Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. Il évite de
la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et
de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur.
Pascal, Pensées
mardi 9 avril 2013
Cours du 9 avril : Saint Thomas, De regno
Chap 1
Si donc la nature de l’homme veut qu’il vive en société, il est
pareillement nécessaire qu’il y ait parmi les hommes de quoi gouverner la
multitude.
En effet, comme les hommes existent nombreux et que chacun pourvoit
à ce qui lui convient, chacun irait de son côté, s’il n’y avait quelqu’un pour
avoir soin du bien de la multitude.
Ainsi le corps de l’homme, comme de
n’importe quel animal, se désagrégerait, s’il n’y avait dans ce corps une
certaine force directrice commune, ordonnée au bien commun de tous les
membres.
Cette considération inspire à Salomon la parole suivante dans les
Proverbes, chapitre XI, verset 14 : Là où il n’y a pas de gouverneur,
le peuple se dissout.
Il n’est pas étonnant qu’il en soit ainsi, car il n’y a pas
d’identité entre l’intérêt propre et l’intérêt commun. Les intérêts propres
divisent, tandis que l’intérêt commun unit. Aux effets différents répondent des
causes différentes. Il faut donc, en plus de ce qui meut au bien propre de
chacun, quelque chose qui meuve au bien commun de l’ensemble.
C’est pourquoi
l’on trouve aussi un principe directeur en toutes les choses appelées à former
un tout. Dans le monde des corps, en effet un premier corps, le corps céleste,
dirige les autres selon un certain ordre de la divine Providence et la créature
raisonnable les dirige tous.
De même, en chaque homme, l’âme gouverne le corps
et, entre les parties de l’âme, l’irascible et le concupisciple sont gouvernés par
la raison. Entre les membres du corps pareillement, il en est un principal qui
meut tout, que ce soit le cœur ou la tête.
Il faut donc qu’il y ait dans
n’importe quelle multitude une direction chargée de régler et de gouverner.
Chap 2
C’est en effet à procurer le salut de ce qu’il a pris la charge
de gouverner qu’un gouvernement doit porter son effort. Ainsi le rôle du pilote
est de préserver son navire des périls de la mer et de le faire parvenir à bon
port sans le moindre dommage.
Or le bien et le salut des hommes agrégés en société est de
conserver cette unité [harmonieuse] qu’on appelle paix ; que celle-ci
s’éloigne, l’utilité de la vie sociale disparaît ; bien plus, la société
désunie devient insupportable à ses membres. Voilà donc à quoi doit par dessus
tout s’appliquer le chef de la société : à procurer l’unité qui fait la
paix. Ce serait de sa part une erreur de délibérer s’il fera la paix dans la
société qui lui est soumise ; erreur toute semblable à celle d’un médecin
qui se demanderait s’il doit guérir le malade confié à ses soins. Car personne
ne doit délibérer de la fin qu’il doit poursuivre, mais des moyens qui mènent à
cette fin. C’est pourquoi l’Apôtre exhorte ainsi le peuple fidèle à l’unité
(Épître aux Éphésiens, IV, 3) : Souciez-vous de maintenir l’union
spirituelle dans le lien de ta paix.
Aussi, dans la mesure où un gouvernement réussira mieux à
maintenir cette paix qui résulte de l’unité, il sera plus utile. Car nous
appelons plus utile ce qui conduit plus sûrement à la fin.
Mais il est clair
que ce qui est un par soi peut mieux réaliser l’unité que ce qui est composé
d’unités. De même, ce qui est chaud par soi est la cause la plus efficace de la
chaleur. Le gouvernement d’un seul est donc plus utile que le gouvernement de
plusieurs.
De plus, il est très clair que plusieurs individus ne protègent
nullement la société s’ils ne s’accordent sur rien. A toute assemblée de chefs
en effet on demande d’abord un minimum d’entente qui la mette en état de
gouverner si peu que ce soit ; car plusieurs matelots ne remorquent un
navire dans une direction donnée que s’ils conjuguent leurs efforts d’une
certaine façon.
On ne parle d’union, quand il s’agit de plusieurs choses, que
si elles approchent de l’unité. En conséquence, un individu gouverne mieux que
plusieurs, qui s’approchent seulement de l’unité.
En outre, les choses naturelles sont les mieux disposées ;
car en chaque chose la nature réalise l’œuvre la meilleure. Or communément, le
gouvernement naturel est celui d’un seul. Ainsi, dans les parties du corps, il
n’y en a qu’une qui meuve toutes les autres, c’est le cœur. Pareillement il n’y
a qu’une seule force pour exercer le commandement sur les parties de l’âme,
c’est la raison. Les abeilles n’ont qu’une seule reine et tout l’univers n’a
qu’un seul Dieu, créateur et gouverneur de toutes choses.
Et rien que de raisonnable en cela, car toute multiplicité
dérive de l’unité. C’est pourquoi, si l’art imite la nature et si l’œuvre d’art
est d’autant meilleure qu’elle saisit mieux la ressemblance de la nature, il
s’ensuit nécessairement ; que le meilleur pour la société humaine, c’est
d’être gouvernée par un seul.
Cela ressort encore plus clairement des faits.
Car les provinces
ou les cités qui n’ont pas de monarque, souffrent des dissensions et vont à la
dérive en s’écartant de plus en plus de la paix ; ainsi se trouve réalisée
la plainte que le Seigneur met dans la bouche du prophète Jérémie, XII,
10 : Les pasteurs [parce que] nombreux ont dévasté ma vigne.
Tout au contraire les provinces et
les cités qu’un seul roi gouverne se réjouissent dans la paix, s’épanouissent
dans la justice et se délectent dans l’abondance. Aussi le Seigneur, par la
bouche des prophètes, promet-il à son peuple comme une grande faveur qu’il ne
mettra qu’un seul chef à sa tête, qu’il n’y aura qu’un seul prince au milieu
d’eux.
Cours du 9 avril : Les pouvoirs chez Aristote
|
En vue du
Bien commun (louable)
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En vue
d’un bien particulier (blâmable)
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Gouvernement
d’un seul
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Monarchie
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Tyrannie
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Gouvernement
d’un petit nombre
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Aristocratie
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Oligarchie
|
Gouvernement
du grand nombre
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Politeïa (Police)
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Démocratie
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Cours du 9 avril : l'individualisme et Toqueville
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes
mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras
sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites
règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits
les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour
pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les
plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce
qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point,
il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin
chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont
le gouvernement est le berger.
Alexis de Toqueville, De
la démoncratie en Amérique, II, 4ème partie, chap. 6
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