Il faut voir en quoi consiste le
mensonge. Il ne suffit pas de dire quelque chose de faux pour mentir, si par
exemple on croit, ou si on a l'opinion que ce que l'on dit est vrai. Il y a
d'ailleurs une différence entre croire et avoir une opinion : parfois, celui
qui croit sent qu'il ignore ce qu'il croit, bien qu'il ne doute en rien de la
chose qu'il sait ignorer, tant il y croit fermement ; celui qui, en revanche, a
une opinion, estime qu'il sait ce qu'il ne sait pas. Or quiconque énonce un
fait que, par croyance ou opinion, il tient pour vrai, même si ce fait est
faux, ne ment pas. Il le doit à la foi qu'il a en ses paroles, et qui lui fait
dire ce qu'il pense ; il le pense comme il le dit. Bien qu'il ne mente pas, il
n'est pas cependant sans faute, s'il croit des choses à ne pas croire, ou s'il
estime savoir ce qu'il ignore, quand bien même ce serait vrai. Il prend en
effet l'inconnu pour le connu. Est donc menteur celui qui pense quelque chose
en son esprit, et qui exprime autre chose dans ses paroles, ou dans tout autre
signe.
Saint Augustin, Du mensonge,
I, III, 3
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