« Celui qui ose
entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir on état de changer pour ainsi
dire la nature humaine, de transformer chaque individu, qui par lui-même est un
tout parfait et solitaire, en partie d’un plus grand tout, dont cet individu
reçoive en quelque sorte sa vie et son être; d’altérer la constitution de
l’homme pour la renforcer; de substituer une existence partielle et morale à
l’existence physique et indépendante que nous avons tous1 reçue de la nature. Il faut, en un mot, qu’il ôte à l’homme ses
forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangères, et dont il ne
puisse faire usage sans le secours d’autrui. Plus ces forces naturelles sont
mortes et anéanties, plus les acquises sont grandes et durables, plus aussi l’institution
est solide et parfaite; en sorte que, si chaque citoyen n’est rien, ne peut
rien, que par tous les autres, et que la force acquise par le tout soit égale
ou supérieure à la somme des forces naturelles de tous les individus, on peut
dire que la législation est au plus haut point de perfection qu’elle puisse
atteindre. »
Rousseau, Contrat social, II
« Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle
et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais
intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend
l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fait l’excellence de sa nature et la
moralité de ses actions. »
Rousseau, Émile ou de l’éducation
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