Une chose mauvaise par nature ne peut jamais être
bonne et licite; parce que, pour qu'elle soit bonne, il est nécessaire que tous
les éléments y concourent; en effet, « le bien est produit par une cause
parfaite, tandis que le mal résulte de n'importe quel défaut » selon Denys. Or,
le mensonge est mauvais par nature; c'est un acte dont la matière n'est pas ce
qu'elle devrait être; puisque les mots sont les signes naturels des pensées, il
est contre nature et illégitime qu'on leur fasse signifier ce qu'on ne pense
pas. Aussi Aristote dit-il que « le mensonge est par lui-même mauvais et
haïssable, tandis que le vrai est bon et louable. (…) Le mensonge a raison de
péché non seulement à cause du tort fait au prochain, mais à cause de désordre
qui lui est essentiel, on vient de le dire. Or, il n'est jamais permis
d'employer un moyen désordonné, donc défendu, dans l'intérêt du prochain, par
exemple de voler pour faire l'aumône (excepté dans un cas de nécessité où
toutes choses deviennent communes). Il n'est donc jamais permis de dire un
mensonge pour soustraire quelqu'un à n'importe quel danger; quoiqu'il soit
permis de dissimuler prudemment la vérité, dit S. Augustin.
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa, IIae, q.110, a.4
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